Les politiques climatiques, souvent élaborées à l’échelle internationale, nécessitent des adaptations locales pour être véritablement efficaces. En Haïti, où les défis environnementaux se multiplient, l’intégration des aspects culturels dans ces politiques est un enjeu crucial. C’est dans cette perspective que Jemps Cajuste, détenteur d’une maîtrise en Philosophie et Transculturalité, a partagé, le 20 février, son analyse sur la manière dont les politiques climatiques pourraient mieux tenir compte des spécificités culturelles du pays.
L’impact de la culture sur les politiques environnementales

Dans une interview accordée à Haïti Climat, Jemps Cajuste, professeur de philosophie, a insisté sur l’importance de considérer l’identité, les valeurs et les réalités socio-économiques propres à chaque pays dans l’élaboration des politiques climatiques. « Chaque pays vit les défis environnementaux différemment, en fonction de sa culture et de ses structures sociales », a-t-il expliqué.
En Haïti, les problématiques environnementales ne peuvent être dissociées des conditions de vie des populations. Par exemple, l’agriculture de subsistance, fondée sur des savoirs ancestraux, n’est pas toujours prise en compte dans les plans d’adaptation climatique. De même, la gestion des ressources naturelles est influencée par des croyances et des pratiques locales qui mériteraient une meilleure reconnaissance dans les politiques publiques.
Le rôle des croyances et des savoirs traditionnels
Jemps Cajuste a également souligné l’importance de la formation scientifique pour mieux comprendre et lutter contre les effets du changement climatique. Selon lui, si certaines croyances peuvent constituer un frein à l’adoption de solutions durables, d’autres peuvent être de véritables leviers lorsqu’elles sont bien exploitées.
Dans cette optique, il met en avant le rôle du vaudou dans la protection de l’environnement. « Contrairement aux idées reçues, le vaudou intègre des principes écologiques forts. Il est interdit de couper certains arbres sacrés, comme le Mapou, ou de polluer certaines sources d’eau, ce qui contribue à préserver les écosystèmes », a-t-il expliqué. Ainsi, au lieu de percevoir ces croyances comme des obstacles, il invite à les intégrer dans les stratégies de sensibilisation et d’éducation environnementale.
Des mesures concrètes pour une meilleure adaptation
Par ailleurs, Jemps Cajuste insiste sur la nécessité de décisions concrètes pour la protection de l’environnement, notamment à travers :
- Des lois strictes contre la coupe excessive des arbres
- Des politiques de reboisement durables
- Des stratégies d’aménagement des bassins versants
L’intégration de la culture haïtienne dans les politiques climatiques est donc essentielle à leur réussite. Au-delà de la simple adaptation technique, il s’agit de repenser ces politiques à travers une approche transculturelle qui valorise les savoirs locaux et implique activement les communautés.
Selon Jemps Cajuste, une politique climatique efficace en Haïti ne peut être une simple copie de modèles étrangers. Elle doit être pensée avec et pour les Haïtiens, en tenant compte de leur histoire, de leurs valeurs et de leur mode de vie.
Esther Kimberly BAZILE
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