Haïti, pays insulaire des Caraïbes, possède une riche ressource marine qui constitue un atout majeur pour son développement.
Cependant, la pauvreté, l’instabilité politique et la vulnérabilité aux catastrophes naturelles représentent des obstacles à l’exploitation de ce potentiel. L’économie bleue, avec son approche durable, offre une opportunité de transformer cette situation et de tirer parti des ressources marines de manière responsable et de générer des revenus tout en préservant l’environnement.
Dans la Caraïbe, après les Bahamas, qui comptent plus de 700 îles, Haïti est le pays qui vient en deuxième position en termes de nombre d’îles, même si le nombre exact n’est pas encore défini. En ce qui concerne l’aspect côtier de notre île, nous avons 75 villes côtières qui s’étendent sur 1535 kilomètres de côtes, 9 départements ont une façade maritime, toutes ces ressources peuvent être utiles pour le développement économique.
Malheureusement, les défis politiques, de gouvernance, environnementaux et sociaux auxquels Haïti est confrontée, notamment l’instabilité politique et la corruption, auraient influencé la destruction de l’écologie marine à travers la pollution, la pêche illicite et d’autres pratiques destructrices.
Pour inverser cette tendance, il faut miser sur les nombreux atouts de l’économie océanique, notamment en matière de croissance économique, de création d’emplois, de sécurité alimentaire et de conservation des ressources marines.
Quelques atouts de l’économie bleue
L’économie bleue (ou la croissance bleue) offre une approche holistique du développement, alliant croissance économique durable via les activités maritimes comme la pêche et l’aquaculture, à la sécurité alimentaire par la production de protéines accessibles. Elle soutient également le tourisme durable, la conservation des ressources, la résilience climatique, la diversification des économies côtières par les énergies renouvelables et la biotechnologie, et stimule l’innovation technologique dans ces secteurs.
Croissance économique et emploi :
Les activités maritimes durables, telles que la pêche et l’aquaculture, sont imposées comme des piliers fondamentaux de la croissance économique, jouant un rôle déterminant dans la création d’emplois et la génération d’opportunités de revenus. Ces secteurs sont particulièrement cruciaux pour les communautés côtières, qui fondent une grande partie de leurs moyens de subsistance sur l’exploitation raisonnée des ressources marines et d’eau douce. En assurant la production durable d’organismes aquatiques et en gérant de manière responsable les écosystèmes marins, ces pratiques contribuent non seulement à l’approvisionnement alimentaire et commercial, mais aussi à la protection de la biodiversité et des ressources naturelles, garantissant ainsi une prospérité économique pérenne et un développement soutenable pour les populations dépendantes.
Sécurité alimentaire :
La pêche et l’aquaculture constituent des piliers essentiels de la sécurité alimentaire mondiale en offrant des sources de protéines abordables et largement accessibles, particulièrement pour les populations côtières et rurales. Elles permettent non seulement d’améliorer l’accès aux nutriments pour les communautés ayant des ressources limitées, mais aussi de soutenir les moyens de subsistance des populations locales, jouant ainsi un rôle fondamental dans le développement économique et la résilience face aux défis environnementaux.
Tourisme durable :
Le tourisme côtier peut être un outil de développement économique durable, générant des revenus et des emplois pour les communautés locales, car il est axé sur la préservation du patrimoine naturel et culturel. Cette approche favorise la protection des écosystèmes marins et des richesses culturelles, tout en offrant aux visiteurs des expériences authentiques qui renforcent l’identité des lieux, créant ainsi un cercle vertueux où l’intérêt économique et la conservation se renforcent mutuellement.
Conservation des ressources marines :
La croissance bleue est un cadre économique essentiel qui vise à concilier la prospérité économique avec la protection de l’environnement marin, en promouvant une gestion responsable des océans pour assurer la pérennité de leurs ressources. En adoptant des pratiques durables et en s’inspirant de la nature, ce modèle encourage une exploitation efficace des richesses marines, tout en luttant contre la pollution, en développant des industries maritimes plus vertes et en favorisant un tourisme respectueux de l’environnement. L’objectif est de garantir que les océans continuent à fournir les ressources nécessaires à la vie et à l’économie, non seulement aujourd’hui, mais aussi pour les générations futures, en préservant la santé des écosystèmes et la biodiversité qu’ils abritent.
Résilience climatique :
L’économie bleue renforce la résilience des communautés côtières face aux changements climatiques en promouvant des activités économiques durables qui améliorent la protection des infrastructures et des écosystèmes marins, tout en favorisant le développement socio-économique local, ce qui permet de mieux s’adapter aux impacts du climat et de les atténuer, selon Anniver Développement Partners.
Innovation et développement technologique :
L’économie océanique, souvent appelée « l’économie bleue », est un formidable levier d’innovation technologique, générant de nouvelles solutions dans des secteurs cruciaux comme la pêche et l’aquaculture, en promouvant les énergies marines renouvelables, et en ouvrant de nouvelles voies dans la biotechnologie marine. Cette dynamique d’innovation est vitale pour une croissance économique inclusive et durable, offrant des ressources substantielles et des emplois, et contribuant ainsi de manière significative à la prospérité mondiale tout en répondant aux défis environnementaux.
Un «Plan d’action pour l’économie bleue » est indispensable pour tirer parti des ressources côtières, de la pêche et des richesses marines. Il permettra d’attaquer les défis liés à cette économie, en stimulant le développement de secteurs clés tels que le tourisme côtier, la pêche durable, le transport maritime et en favorisant l’innovation dans les industries marines. Ce faisant, on consolide la gestion durable des ressources, tout en créant une croissance économique robuste et inclusive, qui sera profitable à l’ensemble de la population.
Ainsi, une mobilisation de l’Etat et des institutions concernées, combinée à une approche durable, peut permettre à l’économie bleue (liée aux activités maritimes et côtières) de contribuer au développement d’Haïti pour un avenir plus prospère et plus durable.
Jimmy DELISCA
Ingénieur-agronome, écologiste