Environnement

Cap-Haïtien croule sous les déchets : Wilson Blaise plaide pour une gestion partagée et durable

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Invité de l’émission Haïti Climat le jeudi 21 août 2025, l’ingénieur-rudologue Wilson Blaise a dressé un constat alarmant de la situation environnementale au Cap-Haïtien. Pour lui, la crise des déchets qui étouffe la deuxième ville du pays ne peut plus attendre : elle nécessite une réponse urgente et coordonnée, où chaque acteur : autorités, entreprises, écoles et citoyens doit assumer sa part de responsabilité.

« Les autorités capoises doivent lancer d’urgence une campagne de nettoyage, car nous sommes arrivés à la limite », a insisté l’ingénieur d’emblée. Face aux montagnes d’ordures qui s’accumulent dans les rues, il plaide pour une « solution spontanée » à court terme, mais aussi pour l’élaboration d’un véritable plan opérationnel de gestion des déchets, impliquant l’ensemble des autorités de la région Nord.

Selon lui, attendre davantage reviendrait à exposer la population à de graves risques sanitaires et environnementaux, tout en ternissant l’image de la ville.

Former, sensibiliser et impliquer la population

Si les autorités locales ont une responsabilité directe, la population ne peut être mise de côté. Comme le témoigne l’échec des décisions précédentes. « Pour aboutir à une solution durable au problème des déchets, la population joue un rôle clé », a souligné Blaise. Il estime qu’il ne suffit pas de sensibiliser et de communiquer : il faut aussi former les citoyens et constituer des équipes engagées dans ce travail, en amont de toute mesure fiscale.

L’ingénieur mise particulièrement sur les écoliers. « Il faut travailler avec les enfants pour qu’ils éduquent leurs parents sur la question des déchets », insiste-t-il en prenant maints exemples de projets similaires réussis. Les enfants sont des moteurs capables de véhiculer le message pour une meilleure prise de conscience.

Fiscalité et redevances spéciales pour les entreprises

Blaise évoque également l’introduction d’une fiscalité des déchets, un outil de gestion qui, selon lui, pourrait contribuer à structurer la collecte. En attendant une réforme globale, il suggère une mesure intermédiaire : « La mairie peut instaurer une redevance spéciale pour toutes les entreprises qui produisent des déchets, en fonction de la quantité et de la typologie de ces déchets. »

Une telle mesure se justifie, explique-t-il, car les entreprises génèrent à elles seules deux fois plus de déchets que les ménages.

Des solutions locales et inclusives

Pour l’ingénieur rudologue, l’action des mairies doit s’accompagner d’un renforcement institutionnel. Il propose la création d’une « brigade verte » au sein des municipalités, chargée d’accompagner et de sensibiliser les citoyens, afin de rendre les actions urgentes plus efficaces. À long terme, il entrevoit la mise en place d’une unité spéciale d’hygiène et de salubrité.

Il appelle également à développer des partenariats avec le secteur de l’économie informelle, largement impliqué dans la gestion quotidienne des déchets mais souvent négligé par les politiques publiques.

Aussi, Blaise rappelle que « chacun a son rôle à jouer dans la gestion des déchets, cela ne concerne pas uniquement les mairies ». À ses yeux, seule une synergie entre l’État, les collectivités locales, les entreprises, les écoles et les citoyens pourra sortir Cap-Haïtien de l’impasse actuelle et ouvrir la voie à une gestion durable des déchets.

Esther Kimberly BAZILE

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