Face à la montée des risques climatiques qui menacent particulièrement les petits États insulaires, dont Haïti, le professeur Evens Emmanuel plaide pour la création de la Journée nationale d’éducation aux changements climatiques en Haïti.
Une initiative qu’il espère voir inspirer les jeunes générations et renforcer la résilience du pays face à cette « injustice climatique ».
« Le climat change, et l’humanité en est responsable. »
Selon le professeur Emmanuel, la hausse progressive des températures observée ces dernières années est la conséquence directe du changement climatique. « Nous pouvons constater qu’il fait de plus en plus chaud chaque jour. Cela traduit une modification des températures : c’est ce que l’on appelle le changement climatique », a-t-il expliqué.
S’il rappelle que les gaz à effet de serre sont indispensables à la vie sur Terre, il alerte sur les excès liés aux activités humaines depuis la révolution industrielle. « Nos modèles de production rejettent énormément de CO₂ et de méthane. Ces gaz s’accumulent dans l’atmosphère et bloquent les échanges naturels entre la chaleur du soleil et la Terre », a-t-il poursuivi.
Les petits États insulaires, en première ligne
Évoquant le cas d’Haïti et des Caraïïbes, il met en garde contre les conséquences directes pour ces territoires insulaires vulnérables : montée du niveau de la mer, cyclones, salinisation des nappes phréatiques et destruction des terres agricoles.
Ces effets ne touchent pas seulement l’environnement, mais aussi la santé. « L’OMS prévoit qu’à l’horizon 2050, l’augmentation des moustiques favorisera la propagation de maladies hydriques. Haïti, déjà endémique pour le paludisme, a connu entre 2014 et 2018 des épidémies de chikungunya et de filariose », a-t-il rappelé.
Une proposition : une Journée nationale d’éducation au climat
Face à ces défis, le professeur Emmanuel, aux côtés du professeur Dominique Boisson, d’acteurs de la société civile et de la Fondation Sogebank, propose que le 1ᵉʳ septembre devienne officiellement la Journée nationale haïtienne de l’éducation aux changements climatiques.
L’initiative vise à impliquer directement le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP) :
• en soutenant la proposition auprès de l’État ;
• en l’inscrivant officiellement dans l’agenda scolaire.
« Haïti subit une injustice climatique : c’est l’un des pays les plus vulnérables au monde. Mais cela ne doit pas être une fatalité. Nous pouvons transformer cette lutte en opportunité pour redorer l’image du pays », a insisté le chercheur.
Une idée déjà accueillie positivement
Le fait que la Radio nationale ait donné la parole au professeur Emmanuel traduit une première acceptation sociale, selon lui. « L’idée circule déjà. Elle ne disparaîtra pas et chaque jour, davantage de personnes en entendront parler », affirme-t-il.
Pour l’universitaire, cette journée pourrait inspirer les jeunes générations et susciter de nouvelles vocations scientifiques en Haïti.
Contraintes et perspectives
Le professeur reconnaît que des contraintes existent : manque de financements, crise nationale et difficultés à offrir des carrières aux jeunes chercheurs. Mais il cite le rapport du GIEC qui classe Haïti parmi les pays les plus exposés, pour souligner l’urgence d’agir.
« Si, dans les années à venir, rien n’est fait, le mouvement risque de perdre de sa force. Mais si nous continuons à le porter, il pourrait devenir un grand événement national », a-t-il déclaré.
Un appel à l’action
En conclusion, le professeur Emmanuel a lancé un message clair :
« Changeons nos comportements face au changement climatique. Ce phénomène concerne tout le monde, humains comme animaux. Arrêtons de jeter des déchets dans la mer : nous perdons des poissons et détruisons la biodiversité, alors que la mer nous fournit 70 % de l’oxygène dont nous avons besoin pour vivre. »
Jean Rony Poito Petit Frère