Les Cayes, département du Sud d’Haïti, abritent plus d’une quinzaine d’usines de transformation du vétiver. Le vétiver, une plante aromatique cultivée dans les montagnes du département, est un pilier de l’économie locale et un important facteur d’exportation pour Haïti. Cependant ces usines soulèvent des enjeux importants, ce qui constitue un problème pour l’environnement et la qualité de vie des habitants.
Dans toute société moderne, le développement économique et l’industrie font la paire. Ces industries ont pour vocation de créer des biens et fournir des services utiles à l’homme. Pour leur production, certaines ont besoin de matière première d’origine agricole dont elles dépendent fondamentalement et ne peuvent en aucun cas s’en passer.
Une idée sur la culture du vétiver en Haïti
En Haïti, le vetiver est une culture très sollicitée. Il genère des revenus importants. Cependant, sa forte valeur économique ne permet pas de l’utiliser comme structure antiérosive, bien au contraire. Récoltée annuellement et en totalité dans les champs, présente sur des pentes importantes et des sols déjà dégradés, il semblerait qu’elle accélère le processus d’érosion dans les zones par la destruction annuelle de la structure du sol afin de récolter les racines.
L’érosion sous ses différentes formes est tellement accelerée dans ces zones que certains producteurs estiment que ‘’la roche pousse’’; une assertion qui traduit raisonnablement la férocité du procéssus érosif.
Un coup d’œil sur les usines de vétiver dans la ville des Cayes
Les Cayes, bastion du vétiver! Cette culture est une activité agricole rentable et peu exigeante, qui offre une source de revenus intéressante pour les planteurs. L’huile essentielle extraite du vétiver est très prisée.
Dans cette ville, les usines produisent et exportent l’huile essentielle du vétiver (ingrédient très prisé dans les secteurs de la parfumerie, des cosmétiques et de l’aromathérapie) en Europe, Amérique du Nord et du Sud, en Inde et en Chine. Le vétiver favorise le fonctionnement d’une dizaine de distilleries cayennes et engendre pas mal d’emplois. D’autre part, ces usines créent des problèmes et constituent une nuisance pour la communauté locale.
Les industries polluent l’air des quartiers, et la nappe phréatique de laquelle ses habitants dépendent. Pour les habitants de Sanon, l’impact des usines sur l’environnement vient compromettre les avantages du vétiver. Ils s’inquiètent des conséquences sanitaires durables des fumées noires, épaisses, qui sortiront des cheminées d’usines.
Le CO2 n’est qu’une partie des préoccupations. L’eau en est une autre. « À Sanon, tout près de l’usine, il y a la rivière Dormante. Il semblerait c’est dans cette rivière que les eaux usées de l’usine sont déversées»
Dans ce cas, il pourrait y avoir un vrai problème pour les pêcheurs, qui s’approvisionnent en poisson dans cette rivière, et pour ceux qui s’y baignent ou y font leur lessive.
Dans cette ville, il y a plus de quinze usines de transformation du vétiver qui donnent des fumées noires, épaisses (la journée comme la nuit). Elles sont nocifs pour la santé humaine. Les années passées, des gens non loin des usines ont même abandonné leurs maisons à cause des fumées sortant des cheminées d’usines.
En 2022, les responsables de Konbit Ekolojis Sid et d’autres habitants ont lancé lancer des cris d’alarme face à ce même problème. Mais rien de sérieux n’a été fait du côté des autorités locales! À l’heure actuelle le problème persiste, les usines fonctionnent. Les chefs d’usines continuent à placer des chaudières et mises en service sous le regard passif des autorités.
Pour conclure, malgré les problèmes avancés on ne doit pas ignorer l’importance économique de la culture du vétiver dans la région des Cayes. En 2015, on estimait le marché du vétiver à plus de 10 millions de dollars américains. L’économie d’environ 60 000 familles en dépend surtout dans le Sud, pour citer UN/ Minustah. Mais il est impératif que les instances concernées (La Mairie, le Ministère de commerce de la ville des Cayes et le Minisitère de l’Environnement-Haïti) prennent en compte les récommandations de cette structure écologique! Le problème des usines soulève la nécessité de trouver un équilibre entre les opportunites économiques et la préservation de l’environnement. Il est crucial de mettre en place des pratiques de culture durable, de protéger les sols et de veiller à ce que les usines ne portent pas atteinte à l’environnement. La concertation avec les communautés locales et la mise en place d’un plan de gestion environnemental sont essentielles pour garantir le bien-être de la population.
Photo : Max Imbert Marcelin
Jimmy DELISCA
Ingénieur agronome, écologiste
