Le transport en Haïti, comme dans la plupart des pays du monde, s’effectue sur trois voies : terrestre, maritime et aérienne. Cependant, pour le transport en commun, contrairement aux deux autres, la voie terrestre est la plus utilisée. La circulation inter, intra et périurbaine en Haïti se fait en majeure partie en transport commun, sauf quelques cas particuliers. Ce faisant, malgré le très mauvais état de la majorité de nos chaussées, datant des époques coloniale et de la corvée, où les passages étaient frayés à l’aide d’outils rustiques (pioches, pelles…), les routes et les rues laissent à désirer, à tel point qu’elles sont presque inexistantes. Dans la plupart des endroits, elles se révèlent être un véritable enfer (parsemées de nids-de-poule et de pierres), à force d’être abîmées par les eaux de pluie, s’y jalonnent tout naturellement des dos d’âne et des cassis. Il y a, certes, une absence quasi totale de panneaux et de feux de signalisation routière.
Pourtant, ces routes voient chaque jour passer des êtres humains entassés comme des sardines dans des camions, des autobus, des tap-taps, et même derrière des taxis-motos transportant quatre à cinq passagers. Une situation qui occasionne fréquemment des cas d’accidents et aussi des pertes de vies humaines. Quelques chauffeurs, au mépris des règles de la circulation, y étalent même des marchands, des marchandises, des sacs de charbon, des bananes, du bétail…
Voyager en Haïti a toujours été un sujet de préoccupation, néanmoins rien n’est jamais fait pour améliorer le sort des passagers. Aujourd’hui encore, le sujet reste au cœur des débats, et bon nombre de citoyens s’inquiètent lorsqu’ils doivent entreprendre un voyage en transport en commun. Le prix des voyages, l’état des véhicules de transport… sont des paramètres importants sur lesquels les autorités du pays devraient se pencher.
Voyager en transport en commun pour vaquer à ses occupations devient plus risqué en Haïti. D’une part, à cause de l’état des routes et du manque de signalisation, et d’autre part, en raison de la situation sécuritaire. Les enlèvements dans les autobus et les tap-taps sont fréquents, souvent perpétrés par des gangs cherchant à obtenir de l’argent. En l’absence de paiement de rançon, les victimes sont parfois tuées, laissant leurs familles et amis dans un deuil profond et durable.
Que doit faire l’État pour redresser la barre ?
Face à la détérioration de la situation en Haïti, l’État doit adopter une approche globale pour améliorer les conditions de transport et la sécurité. Il est impératif de moderniser le système de transport en commun, d’aménager les routes, et de prendre des mesures efficaces pour éradiquer l’insécurité, permettant ainsi aux citoyens de voyager sereinement.
L’État haïtien doit :
Moderniser le transport en commun
D’abord, il faut mettre en place des réseaux de transport en commun efficaces et accessibles, incluant des bus, des taxis et des systèmes ferroviaires modernes, si possible. Ensuite, investir dans l’infrastructure routière, en réparant les routes existantes et en construisant de nouvelles voies pour faciliter la circulation. Enfin, encourager et réguler les transports privés pour assurer la sécurité et la qualité des services.
Aménager les voies routières
Ces aménagements peuvent se faire, d’une part, par la construction de routes fiables et entretenues, reliant les différentes régions du pays pour faciliter le déplacement des personnes et des marchandises, et, d’autre part, par l’amélioration des systèmes de drainage et de gestion des eaux pour prévenir les inondations et les dommages aux infrastructures routières (notamment dans les zones à risque d’inondation), ainsi que par la mise en place de feux de signalisation et de marquages routiers pour améliorer la sécurité routière.
Lutter contre l’insécurité
Cette lutte peut s’effectuer par une stratégie combinant prévention et répression pour rétablir la paix et la sécurité ; par la mise en place de programmes de prévention de la criminalité, ciblant les jeunes et les communautés les plus vulnérables ; par le développement de partenariats avec la société civile et les organisations communautaires pour favoriser la sécurité et la cohésion sociale ; et par la présence des forces de l’ordre sur tout le territoire afin de rétablir la confiance et la sécurité des citoyens.
En somme, le transport, comme moyen de communication, est un moteur crucial pour le développement économique et social. Il facilite la circulation des personnes, des biens et des services, ce qui permet à l’économie d’un pays de prospérer et à une société de se développer. Le transport contribue à la création d’emplois, à l’accès aux services de base et à l’intégration régionale. Il faut penser sérieusement à un meilleur système de transport en commun en Haïti.
Jimmy DELISCA
Ingénieur agronome, écologiste