Alors que la saison cyclonique s’annonce particulièrement active cette année, le directeur général de la Protection civile, Emmanuel Pierre, tire la sonnette d’alarme face aux risques majeurs pesant sur le pays.
Lors d’une interview accordée à Magic 9, le mardi 24 juin, M. Emmanuel Pierre a présenté les prévisions de la saison ainsi que les mesures préparatoires prises par la DGPC pour faire face aux risques climatiques.
Dans son intervention, M. Pierre a fait savoir que la saison cyclonique 2025 devrait largement dépasser la moyenne des 30 dernières années. Selon lui, les météorologues anticipent déjà avec 19 tempêtes nommées (contre une moyenne de 14 de 1991 à 2020). Environ 85 jours d’activité cyclonique, soit bien au-dessus de la moyenne de 69 jours. 9 ouragans attendus, dont 4 ouragans majeurs (catégorie 3 ou plus).
Pour Emmanuel Pierre, cette intensification est directement liée à l’accélération du changement climatique, qui augmente en même temps la fréquence et la violence des cyclones dans la région caribéenne.
« Les cyclones apparaissent désormais à tout moment. On ne peut plus parler de pic en août ou septembre. L’année dernière déjà, Béryl, un ouragan de catégorie 5, a frappé les Petites Antilles avant même le 1er juillet », a-t-il rappelé.
En Haïti, 30 à 50 millimètres de pluie peuvent suffire à provoquer des inondations majeures et des pertes humaines, par la forte vulnérabilité du territoire national.
Le dérèglement climatique rend la météo plus imprévisible. Alors que la saison pluvieuse était autrefois attendue entre mars et mai, de fortes pluies s’abattent désormais à tout moment. Cela a parfois causé des dégâts considérables, comme en décembre 2024 à Port-de-Paix, à Jérémie ou encore aux Cayes.
« Nous ne contrôlons plus le calendrier des saisons. « Le pays est exposé et dépourvu de protections naturelles suffisantes », a déploré le DG.
Haïti, bien que faiblement émetteur de gaz à effet de serre, supporte un fardeau considérable en raison du changement climatique. L’utilisation excessive de plastiques, la déforestation et certaines pratiques agricoles aggravent cette vulnérabilité.
« Si nous ne changeons rien, nos enfants et petits-enfants paieront le prix dans 30 à 50 ans », avertit Emmanuel Pierre.
Il évoque également l’apparition de nouvelles pathologies environnementales dans certaines zones, probablement liées aux changements climatiques, bien que la recherche locale sur ce sujet soit encore limitée.
Face à ces menaces, la direction de la Protection civile a élaboré une stratégie nationale de réponse. Emmanuel Pierre dit avoir soumis un plan de 2 milliards de gourdes au gouvernement haïtien. Ce budget couvre :
• Des travaux d’atténuation (drainage, protection contre les glissements de terrain).
• le pré positionnement de matériel (tentes, kits sanitaires, réserves d’eau).
• Le fonctionnement des centres d’opérations d’urgence (COU)
• L’appui aux bureaux régionaux
• L’achat d’équipements et de matériels de sauvetage.
Selon M. Pierre, ce plan vise à couvrir également les aléas multiples auxquels le pays pourrait être confronté : cyclones, inondations, glissements de terrain, etc.
Ce dernier a estimé aussi que la prévention est la seule voie responsable dans un pays où les catastrophes sont souvent aggravées par la pauvreté, le manque d’infrastructures et la déplorable gestion de l’environnement.
« Les catastrophes ne sont pas naturelles. Elles deviennent catastrophiques à cause de nos actions irresponsables. Il est temps d’anticiper, de renforcer notre résilience et de protéger les vies humaines », conclut-il.
Il est à rappeler que le vendredi 30 mai 2025, les autorités haïtiennes, dont le DG de la DGPC avait officiellement lancé au Centre d’opérations d’urgence national (COUN), à Clercine (commune de Tabarre), les activités marquant le début de la saison cyclonique 2025 sous le thème : « Pwoteje lavi, fanmi ak kominote nou. » An n’aji kounye a !
Jean Rony Poito Petit Frere