Développment Durable

Planter des graines en vue d’un avenir durable en Haïti

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Le développement durable en Haïti est un défi de taille, mais certaines initiatives continuent de tracer la voie vers un avenir plus résilient. Pascale Martelé Naquin, présidente du Centre Francophone de Recherche Partenariale sur l’Assainissement les Déchets et l’Environnement (CEFREPADE), ainsi que d’Haïti Lyon Partenariat, a partagé son engagement et son parcours dans ce domaine lors de l’émission Haïti Climat, diffusée le 13 février 2025, sur les ondes de la radio Magik 9 à Port-au-Prince.

Un engagement de longue date

Docteure en ingénierie, spécialisée dans la gestion des déchets, Pascale Naquin consacre sa carrière à l’environnement. Si ses premiers travaux se sont concentrés sur la gestion des déchets, elle s’est progressivement tournée vers des approches plus globales du développement durable. À travers plusieurs collaborations en Haïti et en Afrique, elle a travaillé aux côtés d’acteurs locaux, dont le vice-recteur à la recherche Evens Emmanuel, pour apporter des solutions adaptées aux réalités du terrain.

Son engagement repose sur une conviction profonde : « Dans le développement durable, c’est ma propre sensibilité qui s’exprime. Je me suis toujours intéressée aux questions environnementales depuis mes études. Mon lien avec Haïti s’est tissé à travers mes premières rencontres avec des chercheurs comme Evens Emmanuel. »

Des projets concrets, mais des défis persistants

Parmi les initiatives qui l’ont le plus marquée, elle cite un projet d’assainissement à Gros-Morne, mené en partenariat avec une association paysanne. L’installation de toilettes sèches dans cette communauté a permis d’améliorer les conditions sanitaires tout en préservant l’environnement. Mais, malgré ces avancées, elle constate que de nombreux projets peinent à aboutir en raison de difficultés structurelles.

« Beaucoup de projets sont lancés, mais leur impact reste limité. Les obstacles sont nombreux : des acteurs peu coordonnés, un système défaillant et un manque de culture de la collectivité. Pour que les choses changent, il faut renforcer les compétences locales et permettre aux Haïtiens de prendre les meilleures décisions pour leur avenir. »

Former les communautés, clé du changement

Consciente que la transformation durable passe par l’implication des communautés locales, Pascale Naquin mise sur la formation et l’autonomisation des acteurs du développement. Elle travaille avec des associations paysannes pour transmettre savoir-faire et expertise, dans l’espoir de leur donner les outils nécessaires pour influencer leur environnement.

Pour elle, les communautés sont le cœur du changement : « C’est par et avec elles que les solutions émergeront. Montrer l’exemple est essentiel pour entraîner une dynamique collective. »

Des moyens limités, mais une détermination intacte

Le principal frein à ces initiatives reste le manque de financements. Son association, aux moyens modestes, mène de petits projets avec de faibles budgets, alors que les besoins sont considérables. À cela s’ajoute la difficulté de trouver des interlocuteurs fiables au sein des institutions : « On a du mal à savoir sur qui s’appuyer pour aider les communautés », souligne-t-elle.

Malgré ces contraintes, elle reste convaincue que les solutions viendront du terrain. Pour y parvenir, elle plaide pour un soutien accru aux acteurs locaux, via des formations ciblées sur des enjeux cruciaux tels que le reboisement, l’accès à l’eau, l’électricité et l’assainissement. Elle défend aussi l’émergence de nouveaux métiers liés à l’environnement, afin d’offrir aux jeunes des perspectives d’avenir et de lutter contre l’exode rural.

Un travail de long terme

Si les résultats restent encore timides, Pascale Naquin ne perd pas espoir. Elle sait que le développement durable est un processus de longue haleine. « Il ne se fait pas du jour au lendemain. Mais il faut semer des graines aujourd’hui pour espérer récolter demain. »

Ainsi, à travers ses actions, elle continue de tracer un chemin, avec une certitude : chaque initiative, aussi petite soit-elle, est une avancée vers un Haïti plus résilient et durable.

Esther Kimberly BAZILE

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